L'induction de tolérance orale à l’arachide n’est pour l’instant pas recommandée en pratique quotidienne. Elle présente une perspective intéressante dans l’allergie à l’arachide dont le régime d’éviction altère la qualité de vie. Elle n’est décrite aujourd’hui qu’encadrée par des protocoles de recherche souvent difficiles à mettre en place. Cette étude descriptive présente l'impact en vie réelle d’un protocole simplifié d'induction de tolérance orale à l'arachide réalisé au CHRU de Brest. L'objectif principal est de déterminer la proportion de patients ayant obtenu un élargissement de leur régime alimentaire.
86 enfants allergiques ou sensibilisés à l'arachide ayant bénéficié d'un Test de Provocation Orale à l'arachide de janvier 2011 à septembre 2015 suivi d'une induction de tolérance orale ont été inclus. Le protocole, personnalisé en fonction de la dose seuil réactogène, était mené au domicile au moyen d'aliments du commerce. L'évolution du régime d'éviction et du mode d'alimentation en collectivité était recueillie par un questionnaire téléphonique.
74 patients ont répondu. Un élargissement du régime alimentaire a été obtenu dans 44,59% des cas (P<0,01). Il était associé à une amélioration de la qualité de vie (P<0,01), à une réaction moins sévère au TPO initial (P=0,042) et à moins d'effets indésirables (P=0,026). L'observance était moyenne (35% d’abandon), en lien avec un mauvais vécu (P=0,008). Un dégoût majeur (57% des enfants) et la peur d'une réaction allergique (54%) en sont les causes principales sans lien statistique retrouvé. Des réticences à l'arrêt du régime d'éviction ont également été soulignées.44.6 % des patients ont présenté un effet indésirable dont 2.7% (n=2) ayant nécessité de l’adrénaline.
Ce protocole simple a permis d'obtenir un élargissement du régime alimentaire bien que modéré. Ce résultat nuancé nous incite à revoir nos indications et à améliorer le suivi des patients. En cas de dégoût, une autre forme de protéine d'arachide pourrait être envisagée.